Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/458

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À cet étrange & humiliant ſpectacle, qui eſt-ce qui ne ſe demande pas : Qu’eſt-ce donc qu’un homme ? qu’eſt-ce que ce ſentiment originel & profond de dignité qu’on lui ſuppoſe ? Eſt-il né pour l’indépendance ou pour l’eſclavage ? Qu’eſt-ce que cet imbécile troupeau, qu’on appelle une nation ? Et lorſqu’en parcourant le globe, le même phénomène & la même baſſeſſe ſe montrent plus ou moins marqués de l’un à l’autre pôle, eſt-il poſſible que la commisération ne s’éteigne pas, & que dans le mépris qui lui ſuccède, on ne ſoit tenté de s’écrier : Peuples lâches ! peuples ſtupides ! puiſque la continuité de l’oppreſſion ne vous rend aucune énergie ; puiſque vous vous en tenez à d’inutiles gémiſſemens, lorſque vous pourriez rugir ; puiſque vous êtes par millions & que vous ſouffrez qu’une douzaine d’enfans, armés de petits bâtons, vous mènent à leur gré, obéiſſez. Marchez, ſans nous importuner de vos plaintes ; & ſachez du moins être malheureux, ſi vous ne ſavez pas être libres.

À peine les Danois furent devenus la propriété d’un chef unique, qu’ils tombèrent dans une eſpèce de léthargie. Aux grandes agita-