Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/465

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ce défaut. Les puits ne fourniſſoient que rarement de l’eau. Il falloit du tems pour conſtruire des citernes. L’air n’étoit pas plus attrayant pour les nouveaux colons. Une iſle plate, & couverte de vieux arbres, ne permettoit guère aux vents de balayer les exhalaiſons infectes, dont ſes marais épaiſſiſſoient l’atmoſphère. Il n’y avoit qu’un moyen de remédier à cet inconvénient : c’étoit de brûler les forêts. Auſſi-tôt les François y mettent le feu, & s’embarquant ſur leurs vaiſſeaux, contemplent de la mer, durant des mois entiers, l’incendie qu’ils avoient allumé dans l’iſle. Dès qu’il eſt éteint, ils redeſcendent à terre.

Les champs ſe trouvèrent d’une fertilité incroyable. Le tabac, le coton, le rocou, l’indigo, le ſucre, y réuſſiſſoient également. Tels, furent les progrès de cette colonie, que onze ans après la fondation, elle comptoit huit cens vingt-deux blancs, avec un nombre d’eſclaves proportionné. Elle marchoit d’un pas rapide à la proſpérité, lorſqu’on mit à ſon activité des entraves qui la firent rétrograder. Sa décadence fut auſſi prompte que ſon élévation. Il ne lui reſſort plus que cent quarante-ſept hommes avec leurs femmes & leurs