Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/467

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que les cours ſe décident toujours par les vues ſublimes d’une profonde politique, imaginèrent que celle de Verſailles n’avoit méprisé Sainte-Croix que parce qu’elle vouloit abandonner les petites iſles, pour concentrer toutes les forces, toute l’induſtrie, toute la population dans les grandes : ils ſe ſont trompés. Cette réſolution fut l’ouvrage des fermiers, qui trouvoient que le commerce clandeſtin de Sainte-Croix avec Saint-Thomas, étoit nuiſible à leurs intérêts. De tout tems la finance fut nuiſible au commerce, & dévora le ſein qui la nourrit. L’iſle fut ſans colons & ſans culture juſqu’en 1733. À cette époque, la France en céda pour 738 000 l. la propriété au Danemarck, qui ne tarda pas à y bâtir le bourg & la fortereſſe de Chriſtianſtadt.

Ce fut alors que cette puiſſance du Nord ſembla devoir pouſſer de fortes racines en Amérique. Malheureuſement elle fit gémir ſes cultures ſous la tyrannie d’un privilège excluſif. Des hommes induſtrieux de toutes les ſectes, & ſur-tout des frères Moraves, ne purent jamais vaincre ce grand obſtacle. On eſſaya pluſieurs fois de concilier les intérêts du colon & celui de ſes oppreſſeurs : ces tempéra-