Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/74

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cheroient vraiſemblablement à ces brigands. Ce déſir ne donneroit point des forces. Depuis deux ſiècles, la Porte n’a point de marine, & ſa milice ſe précipite vers le même anéantiſſement.

Mais à quel peuple eſt-il réſervé de briſer les fers que l’Afrique nous forge lentement, & d’arracher ces épouvantails qui glacent d’effroi nos navigateurs ? Aucune nation ne peut le tenter ſeule ; & ſi elle l’oſoit, peut-être la jalouſie de toutes les autres y mettroit-elle des obſtacles ſecrets ou publics. Ce doit donc être l’ouvrage d’une ligue univerſelle. Il faut que toutes les puiſſances maritimes concourent à l’exécution d’un deſſein qui les intéreſſe toutes également. Ces états, que tout invite à s’allier, à s’aimer, à ſe défendre, doivent être fatigués des malheurs qu’ils ſe cauſent réciproquement. Qu’après s’être ſi ſouvent unis pour leur deſtruction mutuelle, ils prennent les armes pour leur conſervation. La guerre aura été, du moins une fois, utile & juſte.

On oſe préſumer qu’elle ne ſeroit pas longue, ſi elle étoit conduite avec l’intelligence & l’harmonie convenables. Chaque