Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/112

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ſe retirer dans l’autre. Cette tranquilité fut courte. Le Caraïbe, voyant ſe multiplier de jour en jour ces étrangers entreprenans, ſentit qu’il ne pouvoit éviter ſa ruine, qu’en les exterminant eux-mêmes ; & il aſſocia les ſauvages des iſles voiſines à ſa politique. Tous enſemble, ils fondirent ſur un mauvais fort, qu’à tout événement on avoit conſtruit : mais ils furent reçus avec tant de vigueur qu’ils ſe replièrent, en laiſſant ſept ou huit cens de leurs meilleurs guerrière ſur la place. Cet échec les fit diſparoître pour long-tems ; & ils ne revinrent qu’avec des préſens, & des diſcours pleins de repentir. On les accueillit amicalement ; & la réconciliation fut ſcellée de quelques pots d’eau-de-vie qu’on leur fit boire.

Les travaux avoient été difficiles, juſqu’à cette époque. La crainte d’être ſurpris obligeoit les colons de trois habitations, à ſe réunir toutes les nuits dans celle du milieu qu’on tenoit toujours en état de défenſe. C’eſt-là qu’ils dormoient ſans inquiétude, ſous la garde de leurs chiens & d’une ſentinelle. Durant le jour, aucun d’eux ne marchoit qu’avec ſon fuſil, & deux piſtolets à