Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/127

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étoit encore en uſage au commencement du ſiècle. Il exiſte des hommes qui ont pratiqué ce commerce, où la fidélité n’avoit pour garant que ſon utilité même.

Ces hommes ſimples furent remplacés ſucceſſivement par des gens plus éclairés qui arrivoient d’Europe. On en avoit vu paſſer quelques-uns dans la colonie, lorſqu’elle étoit ſortie des mains des compagnies excluſives. Leur nombre s’accrut à meſure que les denrées ſe multiplioient ; & ils contribuèrent eux-mêmes beaucoup à étendre la culture, par les avances qu’ils firent à l’habitant, dont les travaux avoient langui juſqu’alors faute de moyens. Cette conduite les rendit les agens néceſſaires de leurs débiteurs dans la colonie, comme ils l’étoient déjà de leurs commettans de la métropole. Le colon même qui ne leur devoit rien, tomba, pour ainſi dire, dans leur dépendance, par le beſoin qu’il pouvoit avoir de leur ſecours. Que le tems de la récolte ſoit retardé ; que le feu prenne à une pièce de cannes ; qu’un moulin ſoit démonté : que des édifices croulent ; que la mortalité ſe meſſe dans les beſtiaux ou parmi les eſclaves ; que les séchereſſes ou les