Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/189

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colonie, le privilège excluſif de la compagnie, qui parvint à négocier enfin ſans concurrens. Mais ſa proſpérité la rendit injuſte au point qu’elle vendoit ſes marchandiſes deux tiers de plus qu’on ne les avoit payés juſqu’alors aux Hollandois. Un monopole ſi deſtructif ſouleva les habitans. Ils prirent les armes, & ne les mirent bas, après un an de trouble, qu’à condition que tous les vaiſſeaux François auroient la liberté de trafiquer avec eux, en payant à la compagnie cinq pour cent d’entrée & de ſortie. Dogeron qui étoit l’auteur de l’accommodement, ſaiſit cette circonſtance pour ſe procurer deux bâtimens, deſtinés en apparence à porter ſes récoltes en Europe ; mais qui réellement étoient plus à ſes colons qu’à lui. Chacun y embarquoit ſes denrées pour un fret modique. Au retour, le généreux gouverneur faiſoit étaler la cargaiſon à la vue du public. Tous y prenoient ce dont ils avoient beſoin, non ſeulement au prix de l’achat primitif, mais à crédit, ſans intérêt, & même ſans billet. Dogeron avoit imaginé qu’il leur donneroit de la probité, de l’élévation, en ſe contentant de leur promeſſe verbale pour toute