Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/193

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

appeler. Les cultivateurs eux-mêmes y étoient comme attirés, par le dégoût que leur donnoit le vil prix de leurs productions, dont le commerce étoit chargé d’entraves continuelles. On gagna les premiers à force de careſſes, & les ſeconds par la perſpective d’un changement dans leur ſituation, qui étoit vraiment défſeſpérée.

Les cuirs, fruit unique des courſes des boucaniers, avoient été le premier objet d’exportation de Saint-Domingue. La culture y ajouta depuis le tabac qui trouvoit un débit avantageux chez toutes les nations. Il fut bientôt gêné par une compagnie excluſive. On la ſupprima, mais inutilement pour la vente du tabac, puiſqu’elle fut miſe en ferme. Les habitans eſpérant pour prix de leur ſoumiſſion, quelque faveur du gouvernement, offrirent au roi de lui donner, affranchi de tous frais, même de celui du fret, le quart de tout le tabac qu’ils enverroient dans le royaume, à condition qu’ils auroient la diſpoſition libre des trois autres quarts. Ils prouvoient que cette voie apporteroit au fiſc plus de revenu que les quarante ſols pour cent qu’il retiroit du fermier. Des intérêts