Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/211

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obſtacle & celui des courans, pour gagner le vent de l’iſle, les forceroit de ſuivre la route des navires marchands. Ainſi, doublant la pointe de Labacou, l’un après l’autre, à cauſe des bas fonds, ces vaiſſeaux, qui ſe trouveroient entre la terre & le feu de l’ennemi, avec le déſavantage du vent, ſeroient infailliblement détruits par une eſcadre inférieure.

La mauvaiſe température de la ville, le vice de ſa rade ont fait déſirer à la cour de Verſailles que les affaires qui s’y traitent, ſe portâſſent à Saint-Louis. Ses efforts ont été inutiles, & ils devoient l’être ; parce qu’il eſt tout ſimple que les échanges s’établiſſent dans l’endroit qui produit & conſomme davantage. S’obſtiner à contrarier encore cet ordre de choſes preſcrit par la nature, ce ſeroit retarder en pure perte les progrès d’un bon établiſſement. Les caprices même de l’induſtrie méritent l’indulgence du gouvernement. La moindre inquiétude du négociant le conduit à la défiance. Les raiſonnemens politiques & militaires ne peuvent rien contre ceux de l’intérêt. Le commerce ne proſpère que dans un terrein qu’il a choiſi lui-même. Tout genre de contrainte l’effraie.