Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/217

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

duits depuis 1763 juſqu’en 1773, n’ont pas aſſurément rempli ce grand vuide. Quel auroit donc été le ſort de ces établiſſemens, ſi les interlopes n’avoient pourvu au remplacement ? Ce n’eſt pas tout.

La partie du ſud de Saint-Domingue a un grand déſavantage. Les montagnes qui la dominent, la privent, ainſi que la côte de l’oueſt, durant environ ſix mois, des pluies du nord, du nord eſt, qui fécondent les campagnes ſeptentrionales. Elle ſera donc en friche ou mal cultivée juſqu’à ce que les eaux du ciel y aient été remplacées par celles des rivières. Cette opération, qui tripleroit les productions, exige de gros capitaux & beaucoup d’eſclaves. Le commerce de France, ſoit impoſſibilité, ſoit défiance, ne les fournit point.

Quel parti doit prendre le gouvernement ? Celui d’ouvrir pendant dix ou quinze ans cette portion de ſa colonie à tous les étrangers. Les Anglois y porteront des noirs ; les Hollandois feront des avances à un intérêt, que peuvent très-bien ſupporter les cultures du Nouveau-Monde. Le ſuccès eſt infaillible, ſi l’on fait des loix qui donnent une ſo-