au milieu de ces foibles échanges ; & que les vils ſatellites de la juſtice, chargés de la police de ces aſſemblées, faſſent ſentir à ces infortunés la dureté de leur condition, juſques dans les courts inſtans de relâche, qui leur ſont accordés par leurs barbares maîtres.
Il y a là deux perſonnages bien odieux, l’archer qui tourmente l’eſclave, & l’adminiſtrateur qui ne sévit pas contre l’archer. Mais celui-là eſt un homme ſans pitié, que ſes fonctions journalières ont peut-être endurci au point de s’ennuyer, lorſque l’exercice en eſt ſuſpendu, & qu’il manque d’occaſions de faire ſouffrir ; au lieu que celui-ci eſt un magiſtrat qui ne porte pas dans ſon âme la même férocité, dont le rôle habituel eſt de montrer de la dignité, & en qui la compaſſion doit régner à côté de la juſtice. Pourquoi deux êtres auſſi différens ſemblent-ils concourir enſemble au malheur des eſclaves ? ſeroit-ce par un cruel mépris pour ces malheureux qu’on a preſque rayés du rang des hommes ? les auroit-on tellement dévoués à la douleur & à la peine, que leurs cris & leurs larmes ne feroient plus aucune impreſſion ?
Les villes de la colonie, & en général