Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/253

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rages de la colonie. Il en gêne les exportations, il en gène les importations. Ce qui veut entrer, ce qui veut ſortir tombe dans ſes mains ; & le peu qui auroit échappé dans le nouvel hémiſphère eſt intercepté ſur les côtes de l’ancien, où il eſt également en force. Alors, le négociant de la métropole interrompt ſes expéditions ; l’habitant de l’iſle néglige ſes travaux. À des communications importantes & rapides, ſuccèdent une langueur & un déſeſpoir, qui durent auſſi longtems que les diviſions des puiſſances belligérantes.

Il en auroit été autrement, ſi les premiers François qui parurent à Saint-Domingue avoient ſongé à établir des cultures. Ils auroient occupé, comme ils le pouvoient, la partie de l’iſle qui eſt ſituée à l’Eſt. Elle a des plaines vaſtes & fertiles. Le rivage en eſt sûr. On entre dans ſes ports le jour qu’on les découvre. Dès le jour qu’on en ſort, on les perd de vue. La route eſt telle que l’ennemi n’y peut préparer aucune embuſcade. Les croiſières n’y ſont pas faciles. Ses parages ſont à l’abord des Européens & les voyages fort abrégés. Mais comme le projet de ces