Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/299

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nègres fugitifs ; pour empêcher l’attroupement des voleurs, pour protéger le cabotage ; pour garantir les côtes contre les corſaires. Si les colons ne forment pas des corps, s’ils n’ont ni chefs ni drapeaux, comment éloigner tant de dangers ? comment diſſiper ces fléaux deſtructeurs, lorſqu’il n’aura pas été poſſible de les étouffer avant leur naiſſance ? d’où naîtront cette harmonie & cet accord, ſans leſquels rien ne ſe fait convenablement ?

Ces réflexions, qui, toutes frappantes, toutes naturelles qu’elles ſont, avoient pourtant échappé à la cour de Verſailles, ne tardèrent pas à changer ſes diſpoſitions. Elle ſe pénétra de la néceſſité de rétablir les milices, mais ſans vouloir renoncer aux taxes conſenties pour l’entretien des troupes régulières. La difficulté étoit d’amener les peuples à cet arrangement. On négocia, on corrompit, on menaça. La Guadeloupe & la Martinique, quoique révoltées des abus d’une autorité inconſtante & précipitée, ſe ſoumirent enfin aux volontés du miniſtère en 1767 : mais cet exemple ne fit pas ſur Saint-Domingue l’impreſſion