Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/321

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même qu’il aura d’abord le plus révoltés. Éclairés par les lumières publiques & par l’expérience, ils ſentiront que la facilité de ne pas payer leur étoit onéreuſe, & qu’ils ne trouvoient du crédit qu’en l’achetant à un prix qui balançât le riſque de leur prêter.

Les tempéramens qui pouvoient convenir au premier âge des colonies, ſeroient de nos jours une foibleſſe impardonnable. Jamais ces établiſſemens ne proſpéreront convenablement que les moyens d’exploitation ne ſe multiplient, & ils ne ſe multiplieront que lorſque le créancier pourra prendre une confiance entière en ſon débiteur. Renverſez le ſyſtême favorable à l’impéritie, à la témérité, à la mauvaiſe foi : bientôt tout changera de face. Le négociant de l’Europe qui ne fait aujourd’hui qu’en tremblant de foibles avances au cultivateur de l’Amérique, ne verra pas un meilleur emploi de ſes capitaux. Avec de plus grands ſecours, il ſe formera d’autres plantations. Les anciennes acquerront une valeur nouvelle. Les iſles Françoiſes atteindront enfin au degré de fortune où la richeſſe de leur loi les appelle vainement depuis ſi long-