Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/336

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volontés particulières. Mais ce projet, mille fois proposé, déplut aux gouverneurs, jaloux d’un pouvoir abſolu, qui, redoutable en lui-même, eſt toujours plus odieux dans un ſujet. Ces eſclaves, échappés à la tyrannie ſociété de la cour, n’aimoient rien tant que cette juſtice Aſiatique, dont ils épouvantoient juſqu’à leurs créatures. La réforme fut même rejetée par des gouverneurs qui, d’ailleurs vertueux, ne voulurent pas voir, qu’en ſe réſervant le droit de faire le bien, ils laiſſoient à leurs ſucceſſeurs la facilité de faire le mal impunément. Tous ſe déclarèrent hautement contre un plan de légiſlation qui avoit pour but de diminuer la dépendance des peuples : & la cour eut la foibleſſe de céder à leurs inſinuations ou à leurs conſeils, par une ſuite de cette pente que les princes & leurs miniſtres ont naturellement vers le pouvoir arbitraire. Elle crut faire aſſez pour ſes colonies, en leur donnant un intendant qui devoit balancer le commandant.

Ces établiſſemens éloignés, qui, juſqu’à ce moment, avoient gémi ſous le joug d’un ſeul, ſe virent alors en proie à deux pouvoirs, également dangereux, & par leur diviſion