Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/353

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autres états les alimens de leur vanité, de leur luxe, de leur volupté ?

La population de la France ſeroit-elle jugée inſuffiſante pour des armemens nombreux ? Qui peut ignorer aujourd’hui que cette puiſſance compte vingt-deux millions d’habitans ? Le reproche qu’on lui fait d’avoir ſur chaque navire plus de matelots que ſes rivaux, ne prouve-t-il pas lui ſeul que, dans cet état, ce ne ſont pas les hommes qui manquent à l’art, mais que c’eſt l’art qui manque aux hommes. Cependant, quel peuple a reçu de la nature plus de cette vivacité de génie qui doit perfectionner la conſtruction des vaiſſeaux, plus de cette dextérité de corps qui peut économiſer le tems & les frais de la manœuvre par la ſimplicité, par la célérité des moyens ?

La France ſeroit-elle réduite à l’impuiſſance d’avoir une marine, parce qu’elle ne trouveroit pas dans ſon ſein toutes les munitions navales ? Mais ſes rivaux ne ſont-ils pas obligés comme elle, & plus qu’elle, à demander des ſecours au nord de l’Europe ? Leur climat, leur induſtrie & leurs colonies leur donnent-ils les mêmes facilités pour conſommer leurs échanges avec la mer Baltique ?