Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/377

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qu’il ne penſoit pas même à les appuyer d’aucune des reſſources humaines de la prudence ou de la force.

Rien ne s’accordoit moins que ce ſyſtême, avec la diſpoſition générale des eſprits. Tout s’agitoit au-dedans & au-dehors. La naiſſance de l’Amérique avoit hâté la maturité de l’Europe. La navigation embraſſoit le globe entier. La communication entre les peuples alloit être le fléau des préjugés : elle ouvroit une porte à l’induſtrie & aux lumières. Les arts méchaniques & libéraux s’étendoient, & marchoient à leur perfection par le luxe. La littérature prenoit les ornemens du goût. Les ſciences acquéroient la ſolidité que donne l’eſprit calculateur du commerce. La politique agrandiſſoit la ſphère de ſes vues. Cette fermentation univerſelle, élevoit, exaltoit les idées des hommes. Bientôt tous les corps qui formoient le coloſſe monſtrueux du gouvernement gothique, endormis depuis pluſieurs ſiècles dans la léthargie de l’ignorance, commencèrent de toutes parts à ſe remuer, à former des entrepriſes. Dans le continent, où le prétexte de la diſcipline avoit enfanté des armées