Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/392

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de toutes les nations étoient indiſtinctement reçus dans leurs ports. Cette liberté illimitée livroit preſqu’entièrement ce commerce à un peuple voiſin, qui à raiſon du bas intérêt de ſon argent, de l’abondance de ſes capitaux, du nombre de ſes navires, de la médiocrité de ſes droits d’entrée & de ſortie, pouvoit faire de meilleures conditions au vendeur & à l’acheteur. La Hollande étoit ce peuple. Elle réuniſſoit tous les avantages d’une armée ſupérieure qui, toujours maîtreſſe de la campagne, a toutes ſes opérations libres. Elle s’empara bientôt du profit de tant de productions qu’elle n’avoit ni plantées, ni moiſſonnées. On voyoit dans les iſles Angloiſes, dix de ſes vaiſſeaux pour un navire Anglois.

Ce déſordre avoit peu occupé la nation durant le tems que les guerres civiles l’avoient bouleversée : mais auſſi-tôt qu’eurent ceſſé ces troubles & ces orages qui l’avoient conduite au port par la violence même des vents & des courans, elle jeta ſes regards au-dehors. Elle vit que ceux de ſes citoyens, qui s’étoient comme ſauvés dans le Nouveau-Monde, ſeroient perdus pour l’État, ſi les étrangers