Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/406

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auſſi-tôt qu’ils purent regagner leurs premières habitations. Quelques Anglois, plus entreprenans que les François & les Caraïbes, ſe flattèrent de ſurmonter ce grand obſtacle, en recueillant dans des citernes l’eau de pluie ; & ils s’y fixèrent. On ignore en quelle année précisément fut commencé cet établiſſement : mais il eſt prouvé qu’au mois de janvier 1640, on y voyoit une trentaine de familles.

Ce nombre n’étoit guère augmenté, lorſque le lord Willoughby, à qui Charles II venoit d’accorder la propriété d’Antigoa, y fit paſſer à ſes frais, en 1666, un aſſez grand nombre d’habitans. Le tabac, l’indigo, le gingembre, qui ſeuls les occupoient, ne les auroient jamais vraiſemblablement enrichis, ſi le colonel Codrington n’eût porté en 1680 dans l’iſle, qui étoit rentrée au domaine de la nation, une ſource de proſpérité par l’introduction du ſucre. Celui qu’elle produiſit d’abord fut noir, acre & groſſier. On le dédaignoit en Angleterre ; & il ne trouvoit des débouchés qu’en Hollande & dans les villes Anséatiques, où il ſe vendoit beaucoup moins que celui des autres colonies. Le travail plus opiniâtre, l’art plus ingénieux que la nature

n’eſt