Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/41

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Quelques colons voyant qu’une expérience ſi fatale ne faiſoit pas abandonner le ſyſtême qu’on avoit pris, ſollicitèrent la permiſſion de raffiner leur ſucre eux-mêmes. Ils avoient tant d’avantages pour faire cette opération à bon marché, qu’ils ſe flattoient de recouvrer bientôt chez les étrangers la préférence qu’on y avoit perdue. Cette nouvelle révolution étoit plus que vraiſemblable, ſi chaque quintal de ſucre raffiné qu’ils envoyoient, n’eût été aſſujetti à un droit de 8 livres à ſon entrée dans le royaume. Tout ce qu’ils purent faire malgré le poids de cette impoſition exceſſive, ce fut de ſoutenir la concurrence des raffineurs François dans l’intérieur de la monarchie. Le produit des ateliers des uns & des autres y fut conſommé tout entier ; & l’on renonça à une branche importante de commerce, plutôt que de reconnoître qu’on s’étoit trompé en défendant l’exportation des ſucres bruts.

Dès-lors, les colonies qui recueilloient vingt-ſept millions peſant de ſucre, ne purent pas le vendre en totalité à la métropole, qui n’en conſommoit que vingt millions. Le défaut de débouchés en réduiſit la culture au