Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/415

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

totalité ſous les murs de la jolie ville de Charles-Town. Peut-être ceux qui s’affligent le plus de la deſtruction des Américains & de la ſervitude des Africains, ſeroient-ils un peu conſolés, ſi les Européens étoient par-tout auſſi humains que les Anglois l’ont été à Nièves ; ſi les iſles du Nouveau-Monde étoient toutes auſſi-bien cultivées à proportion : mais la nature & la ſociété voient peu de ces prodiges.

XIV. S. Chriſtophe, d’abord partagé entre les Anglois & les François, reſte à la Grande-Bretagne.

Saint-Chriſtophe fut le berceau de toutes les colonies Angloiſes & Françoiſes du Nouveau-Monde. Les deux nations y arrivèrent le même jour, en 1625. Elles ſe partagèrent l’iſle ; elles ſignèrent une neutralité perpétuelle ; elles ſe promirent des ſecours mutuels contre l’ennemi commun : c’étoit l’Eſpagnol qui, depuis un ſiècle, envahiſſoit ou troubloit l’un & l’autre hémiſphères. Malheureuſement, par une convention peu réfléchie, on avoir laiſſé en commun la chaſſe, la pêche, les bois, les rades, les ſalines. Cet arrangement mêloit trop des hommes qui ne pouvoient s’aimer ; & la jalouſie diviſa bientôt ceux qu’un intérêt momentané avoit unis. Cette funeſte paſſion enfantoit tous les jours des querelles, des