Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/424

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

quoiqu’elle ſoit ſoumiſe aux tribunaux d’Antigoa. L’air y eſt très-pur & très-ſain. Autrefois, les infirmes des autres iſles Angloiſes l’alloient reſpirer, pour arrêter le progrès de leurs maux, ou pour rétablir leurs forces. Cet uſage a ceſſé, depuis que quelques-uns d’entre eux ſe ſont permis des chaſſes deſtructives.

Quoi, pour nourrir des animaux, on laiſſera périr des hommes ! Comment ſouffre-t-on que cet uſage atroce qui attire les imprécations de preſque toute l’Europe ſur les ſouverains, ſur les ſeigneurs de nos contrées, s’établiſſe au-delà des mers ! Je l’ai demandé, & l’on m’a répondu que l’iſle appartenoit aux Codringtons, & qu’ils avoient le droit de diſpoſer de leur propriété à leur fantaiſie. Je demande à préſent ſi le droit, ſacré ſans doute, de la propriété n’a point de limites ? ſi ce droit n’eſt pas dans mille circonſtances, ſacrifié au bien public ? ſi celui qui poſſède une fontaine peut refuſer de l’eau à celui qui ſe meurt de ſoif ? ſi un Codrington mangeroit d’une de ces précieuſes pintades, qui auroit coûté la vie à ſon compatriote, à ſon ſemblable ? ſi celui qui ſeroit convaincu d’avoir