Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/471

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que la guerre d’Europe embrasoit l’Amérique, ces malheureux convinrent, en 1760, de prendre tous les armes le même jour, de massacrer leurs tyrans, & de s’emparer du gouvernement. Mais l’impatience de la liberté déconcerta l’unanimité du complot, en prévenant le moment de l’exécution. Quelques-uns des conspirateurs mirent, avant le tems convenu, le feu aux habitations, en poignardèrent les maîtres ; & ne se voyant pas en état de résister à toutes les forces de l’isle, que leur entreprise prématurée avoit réunies en un moment, ils se réfugièrent dans les montagnes. De cet asyle impénétrable, ils ne cessèrent de faire des sorties meurtrières & destructives. Les Anglois, dans leur désespoir, furent réduits à rechercher à prix d’argent, le secours des nègres sauvages, dont ils avoient été forcés de reconnoître l’indépendance par le sceau d’un traité. On leur promit une forte somme, pour la tête de chaque esclave qu’ils auroient tué de leur main. Ces lâches Africains, indignes de la liberté qu’ils avoient recouvrée, n’eurent pas honte de vendre le sang de leurs frères : ils les poursuivirent, ils en tuèrent