Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/48

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de commander à des hommes, il ſe déroboit ſous d’épais feuillages, La nation alloit le chercher dans une retraite qui le rendoit plus digne du poſte qu’il fuyoit. Chacun des aſſiſtans lui mettoit le pied ſur la tête, pour lui faire connoître qu’étant tiré de la pouſſière par ſes égaux, ils pouvoient l’y faire rentrer, s’il oublioit les devoirs de ſa place. C’étoit la cérémonie de ſon couronnement. Voilà des ſauvages qui avoient des notions plus juſtes de la ſouveraineté, & qui connoiſſoient mieux leurs prérogatives que la plupart des peuples civilisés. Après cette leçon politique, tous les arcs, toutes les flèches tomboient à ſes pieds, & la nation obéiſſoit à ſes loix, ou plutôt à ſes exemples.

Tels étoient ces habitans de la Guyane, quand l’Eſpagnol Alphonſe Oſeda y aborda le premier en 1499, avec Améric Veſpuce & Jean de la Coſa. Il en parcourut une partie. Ce voyage ne donna que des connoiſſances ſuperficielles d’un ſi vaſte pays. On en fît beaucoup d’autres, qui, entrepris à plus grands frais, n’en furent que plus malheureux. Cependant on les multiplia par un motif qui a toujours trompé, qui trompera toujours les hommes.