Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/507

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ont été arrêtés au commencement de leur carrière par les fourmis, qui ont dévoré la plus grande partie des cannes déjà plantées. Les quarante mille quintaux de ſucre que rendoient trente habitations, ont été réduits à la moitié. Le vuide a été rempli par le coton, dont on récolte huit cens mille livres peſant, & par l’indigo dont on obtient douze mille livres. Saint-Vincent n’a pas éprouvé la même calamité.

XXXVI. Hiſtoire des Sauvages de S. Vincent.

Lorſque les Anglois & les François, qui ravageoient depuis quelques années les iſles du Vent, voulurent donner, en 1660, de la conſiſtance à des établiſſemens qu’on n’avoit encore qu’ébauchés, ils convinrent que la Dominique & Saint-Vincent reſteroient en propre aux Caraïbes. Quelques-uns de ces ſauvages, diſpersés juſqu’à ce moment, allèrent chercher leur aſyle dans la première, & le plus grand nombre dans la ſeconde. C’eſt-là que ces hommes doux, modérés, amis de la paix & du ſilence, vivoient au milieu des bois, en familles éparſes, ſous la direction d’un vieillard, que l’âge ſeul avoit inſtruit & appelé au gouvernement. L’empire paſſoit ſucceſſivement dans toutes les familles,