ſe trouvoient des femmes que le beſoin rendit agréables aux premiers colons. De cette alliance que la nature ſembloit réprouver, ſortit une génération mixte, dont la tendreſſe paternelle rompit très-ſouvent les fers. Une bonté innée dans l’homme, fit tomber en quelques occaſions d’autres chaînes, & l’argent rendit encore un plus grand nombre de captifs à la liberté. En vain une politique ſoupçonneuſe & prévoyante voulut s’élever avec force contre cet uſage applaudi par l’humanité : les affranchiſſemens ne diſcontinuèrent pas. On en vit même augmenter le nombre.
Cependant les affranchis ne furent pas égalés en tout à leurs anciens maîtres. Les loix imprimèrent généralement à cette claſſe un caractère d’infériorité. Le préjugé l’abaiſſa encore davantage dans les fréquentes concurrences de la vie civile. Sa poſition ne fut jamais qu’un état intermédiaire entre l’eſclavage & la liberté originaire.
Des diſtinctions ſi humiliantes remplirent de rage ces affranchis. L’eſclave eſt communément ſi abruti, qu’il n’oſe braver ſon tyran ; il ne peut que le haïr : mais le cœur de l’hom-