Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/545

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Pour ſe faire élire membres de ce corps puiſſant, ils ont corrompu les ſuffrages du peuple, & n’ont pas plus rougi de revendre à la cour ce peuple que de l’avoir acheté. Chaque voix eſt devenue vénale dans le sénat de l’empire. Un miniſtre célèbre avoit le tarif des probités, & s’en vantoit publiquement, à la honte des Anglois. C’étoit, diſoit-il, un devoir de ſa place d’acheter les repréſentans de la nation pour les faire voter, non pas contre, mais ſelon leur conſcience. Eh ! que dit la conſcience où l’argent a parlé ? Si l’eſprit mercantile a pu répandre dans la métropole la contagion de l’intérêt perſonnel, comment n’auroit-il pas infecté les colonies dont il eſt le principe & le ſoutien ? Eſt-il bien vrai que chez la fière Albion, un citoyen aſſez généreux pour ſervir la patrie par amour de la gloire, ſeroit un homme du monde & d’un ſiècle qui ne ſont plus ? Iſle ſuperbe, puiſſent tes ennemis ne plus s’abandonner à ce vil eſprit d’intérêt ? Tu leur rendras, un jour, tout ce qu’ils ont perdu.

Cependant tout reſpire l’opulence dans les établiſſemens Anglois des Indes Occidentales : c’eſt que les actes d’une autorité arbitraire