Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/58

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domaine étoit la patrie du deſpotiſme. La chaleur y briſoit les forces du corps ; l’oiſiveté, ſuite néceſſaire d’une fertilité qui ſatiſfait aux beſoins ſans le travail, y ôtoit à l’âme toute énergie. Cette contrée ſubit ſon déclin. Les peuples, qui l’habitoient, étoient des eſclaves qui attendoient un maître. Il vint. Il dit obéiſſez ; & l’on obéit. L’eſprit des monarchies abſolues étoit une production du ſol qu’il y trouva toute formée ; mais il exiſtoit au-deſſus de ſa tête un ennemi auquel on ne réſiſte point, & qui devoit le ſubjuguer à ſon tour : c’eſt le climat. Dans la première ivreſſe, l’uſurpateur forma les projets les plus vaſtes, & conçut les eſpérances les mieux fondées en apparence. Il regarda le ſigne de l’opulence comme le principe créateur & conſervateur des forces politiques ; & comment ne s’y ſeroit-il pas trompé ? Si nous ſommes déſabusés de ce préjugé, c’eſt peut-être à ſes déſaſtres que nous devons cette grande leçon. Il s’imagina & dut s’imaginer qu’avec de l’or, il auroit à ſa ſolde les nations, comme il avoit les nègres ſous ſa chaîne : ſans prévoir que cet or qui lui donnoit des alliés jaloux, en feroit