Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/92

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ſance qui voudroit ou pourroit la peupler. Les François s’en avifèrent les premiers. Ils y firent paſſer, en 1650, quarante habitans ſous ſa conduite de Rouſſelan, homme brave, actif, prudent, & ſingulièrement aimé des ſauvages, pour avoir épousé une femme de leur nation. Sa mort, arrivée quatre ans après, ruina tout le bien qu’il avoit commencé à faire. Trois de ſes ſucceſſeurs furent maſſacrés par les Caraïbes, mécontens de la conduite qu’on tenoit avec eux ; & la colonie ne faiſoit que languir, lorſqu’elle fut priſe en 1664 par les Anglois, qui l’évacuèrent en 1666.

À peine étoient-ils partis, que les François reparurent dans l’iſle. Ils ne s’y étoient pas encore beaucoup multipliés, quelle qu’en fût la cauſe, lorſque l’ennemi qui les avoit chaſſés la première fois, les força de nouveau, vingt ans après, à quitter leurs habitations. Quelques-uns, au lieu d’évacuer l’iſle, ſe réfugièrent dans les bois. Dès que le vainqueur, qui n’avoit fait qu’une invaſion paſſagère, ſe fut retiré, ils reprirent leurs occupations. Ce ne fut pas pour long-tems. La guerre, qui bientôt après déchira l’Europe,