Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/115

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mépris, reprochoit aux Hurons de s’être rendus eſclaves de ces vils Européens ! Un de ſes bourreaux, outré de ſes invectives, lui donna trois coups de poignard pour mettre fin à tant d’inſultes. Tu as tort, lui dit froidement l’Onnontagué, d’abréger ma vie ; tu aurois eu plus de tems pour apprendre à mourir en homme. Et ce ſont de tels hommes que les François & les Anglois conſpirent à détruire depuis un ſiècle ! Apparemment qu’ils auroient trop à rougir de vivre au milieu de ces modèles d’héroïſme & de grandeur d’âme.

La paix de Riſwick fit ceſſer tout-à-la-fois les calamités de l’Europe, & les hoſtilités de l’Amérique. À l’exemple des Anglois & des François, les Iroquois & les Hurons ſentirent le beſoin qu’ils avoient d’un long repos, pour réparer les pertes de la guerre. Les ſauvages commencèrent à reſpirer, les Européens reprirent leurs travaux ; & le commerce des pelleteries, le premier qu’on eût pu faire avec des peuples chaſſeurs, acquit plus de conſiſtance.

VIII. Les pelleteries ſont la baſe des liaiſons des François avec les ſauvages.

Avant la découverte du Canada, les forêts qui le couvroient n’étoient, pour ainſi dire, qu’un vaſte repaire de bêtes fauves. Elles s’y