Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/168

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le degré de perfection dont il étoit ſuſceptible. Les bâtimens plus conſidérables alloient faire leur pêche plus loin, gardoient pluſieurs jours leur morue ; & comme elle prenoit ſouvent trop de ſel, elle en étoit moins recherchée. Mais ils étoient dédommagés de cet inconvénient, par l’avantage de ſuivre leur proie, à meſure que le défaut de nourriture lui faiſoit abandonner l’Iſle-Royale ; & par la facilité de porter eux-mêmes, durant l’automne, le produit de leurs travaux aux iſles méridionales, ou même en France.

Indépendamment des pêcheurs fixés dans l’iſle, il en arrivoit tous les ans de France, qui séchoient leur morue, ſoit dans des habitations où ils s’arrangeoient avec les propriétaires, ſoit ſur les grèves, dont l’uſage leur étoit toujours réſervé.

La métropole envoyoit auſſi régulièrement des bâtimens chargés de vivres, de boiſſons, de vêtemens, de meubles, de toutes les choſes qui étoient néceſſaires aux habitans de la colonie. Les plus grands de ces navires, ſe bornant au commerce, reprenoient la route d’Europe, auſſi-tôt qu’ils avoient échangé leurs marchandiſes contre la morue.