Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/171

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car enfin, il faut que le prêteur ait ſes sûretés, & que l’intérêt de la ſomme prêtée ſoit d’autant plus grand que les sûretés ſont moindres.

Il y a de part & d’autre un vice de calcul, qu’un peu de juſtice & de bienfaiſance de la part du prêteur pourroit réparer. Il faudroit que celui-ci ſe dit à lui-même. Ce malheureux qui s’adreſſe à moi eſt intelligent, laborieux, économe. Je veux lui tendre la main pour le tirer de la misère. Voyons ce que ſon induſtrie la plus avantageuſe lui rendra, & ne lui prêtons point ; ou ſi nous nous déterminons à lui prêter, que l’intérêt que nous exigerons de la ſomme prêtée, ſoit au-deſſous du produit de ſon travail. S’il y avoit égalité entre l’intérêt & le produit, mon débiteur reſteroit conſtamment dans la misère, & le moindre accident inattendu emmeneroit ſa faillite & la perte de mon capital. Au contraire, ſi le produit excède l’intérêt, la fortune de mon débiteur s’accroît d’année en année ; & avec elle la sûreté du fonds que je lui aurai confié. Mais malheureuſement l’avidité ne raiſonne pas comme la prudence & l’humanité. Il n’y a preſque point