Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/173

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n’en eût jamais été diſputée à la France, cette couronne ſembloit l’avoir dédaignée avant la pacification d’Utrecht. La perte de l’Acadie & de Terre-Neuve, lui ouvrit les yeux ſur ce foible reſte ; & le gouvernement voulut ſavoir ce qu’on pourroit en faire.

On trouva que l’hiver y étoit long, le froid exceſſif, la neige abondante, la quantité d’inſectes prodigieuſe : mais qu’une côte ſaine, un port excellent, & des havres commodes, rachetoient ces déſagrémens. On y vit un pays uni, que la nature avoit enrichi & coupé de prairies abondantes, par une infinité de petites ſources qui le traverſoient ; un ſol extrêmement varié, ouvert à la culture de toutes les eſpèces de grains ; du gibier & des bêtes fauves ſans nombre ; un grand abord des meilleures ſortes de poiſſon ; une population de ſauvages plus conſidérable que dans les autres iſles. Ce dernier fait confirmoit ſeul tant d’avantages.

Le bruit qui s’en répandit en France, y fit naître, en 1619, une compagnie qui forma le double projet de défricher une iſle ſi productive, & d’y établir une grande