Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/191

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

litique. On ne tranſféra le quartier général de la colonie à la nouvelle Orléans qu’au bout de cinq ans, c’eſt-à-dire, lorſqu’il ne reſtoit preſqu’aucun des infortunés qui s’étoient ſi légèrement expatriés.

Mais à cette époque trop tardive, le charme étoit rompu. Les mines avoient diſparu. Il ne reſtoit que la confuſion d’avoir embraſſé des chimères. La Louyſiane éprouvoit le ſort de ces hommes ſinguliers, dont on s’eſt fait d’abord une idée trop avantageuſe, & qu’on punit de cette renommée en les rabaiſſant au deſſous de leur valeur réelle. On cherche par l’excès du blâme à perſuader qu’on n’a pas donné dans l’erreur commune, Comment en effet imaginer qu’on s’acharnât à dire du mal de ſoi ? Ce pays d’enchantement fut en exécration. Son nom devint un nom d’opprobre. Le Miſſiſſipi fut la terreur des hommes libres. On ne lui trouva plus de colons que dans les priſons, que dans les lieux de débauche. Ce fut un cloaque où aboutirent toutes les immondices du royaume.

Que pouvoit-on eſpérer d’un édifice élevé avec ces matériaux ? Le vice ne peuple point,