Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/242

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Dieu ſeul. Cette maxime, imaginée par le clergé, qui ne met les rois au-deſſus des peuples, que pour commander aux rois même au nom de la divinité, n’eſt donc qu’une chaîne de fer, qui tient une nation entière ſous les pieds d’un ſeul homme ? Ce n’eſt donc plus un lien réciproque d’amour & de vertu, d’intérêt & de fidélité, qui fait régner une famille au milieu d’une ſociété ? Si l’obéiſſance des peuples eſt une loi de conſcience imposée par Dieu ſeul, ils peuvent donc en appeler aux interprètes de cette volonté éternelle, contre l’abus de l’autorité ſubordonnée à ce grand être ? Si l’on fait de l’obéiſſance paſſive une loi de religion, dès-lors elle eſt ſoumiſe, comme toutes les autres loix religieuſes, au tribunal de la conſcience ; & dans un état où l’on reconnoît la loi de Dieu pour la première, il faut attendre que la déciſion de l’égliſe éclaire & dirige les conſciences, ſur l’étendue & la nature du pouvoir des rois. En vain dira-t-on que les livres ſaints ordonnent eux-mêmes d’obéir aux puiſſances de la terre. C’eſt à l’égliſe que la lettre & le ſens de ces livres ont été révélés,

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