Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/244

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frein du deſpotiſme, ſeul pouvoir qui ſe croie établi de Dieu même, & les fondemens de ce pouvoir n’étant pas plus évidens que les dogmes & les principes de la religion qui lui ſert de baſe ; le deſpote tombe entre les mains du clergé, ſi le peuple eſt dirigé par des prêtres, ou à la diſcrétion de ſes ſujets, parce qu’au défaut de pontifes, ils ſont eux-mêmes les juges de la foi.

Mais pourquoi l’autorité voudroit-elle ſe déguiſer qu’elle vient des hommes ? La nature, l’expérience, l’hiſtoire, le ſentiment intérieur, apprennent aſſez aux rois qu’ils tiennent des peuples tout ce qu’ils poſſèdent, ſoit qu’ils l’aient conquis par les armes, ſoit qu’ils l’aient acquis par des traités. Puiſqu’on reçoit du peuple tous les fruits de l’obéiſſance, pourquoi ne pas accepter de lui ſeul tous les droits de l’autorité ? Qu’a-t-on à craindre des volontés qui ſe donnent, & que gagne-t-on à l’abus d’une puiſſance qu’on uſurpe ? Ne faut-il pas la retenir par la violence, quand on s’en eſt emparé par ſurpriſe ? Et quel eſt le bonheur d’un prince qui ne commande que par la force, & qui n’eſt obéi que par la crainte ?