Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/250

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eſprits prévenus, qui auroient pu ramener des cœurs aigris.

Ce mépris qui fut regardé comme le plus grand des outrages, comme le comble de la tyrannie, pouſſa les peuples au déſeſpoir. Un moyen infaillible d’arriver au bonheur & au repos ſe préſentoit à, eux ; Ils n’avoient que le fleuve à traverſer pour le trouver. Le gouvernement Anglois les preſſoit d’accepter un excellent territoire, des encouragemens à la culture, toutes les prérogatives de la liberté : mais un lien cher & ſacré les attachoit à leur patrie. Ils aimèrent mieux demander au conſeil, qu’Ulloa fut obligé de ſe retirer & que la priſe de poſſeſſion, qu’il avoit différée juſqu’alors, ne lui fût pas permiſe, avant que la cour de Verſailles eût écouté les repréſentations de la colonie. Le tribunal prononça le 28 octobre 1768, l’arrêt qu’on lui demandoit ; & les Eſpagnols s’embarquèrent paiſiblement ſur la frégate qui les avoit amenés. Durant trois jours que dura cette grande criſe, il n’y eut pas le plus léger tumulte, il n’y eut pas la moindre indécence à la Nouvelle-Orléans. Lorſqu’elle