Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

prits. On ne fit rien de ce qu’on devoit faire.

Pour comble de malheur, les troubles civils qui déſoloient la France, détournèrent les regards des ſujets d’une entrepriſe où l’état n’avoit jamais arrêté ſes vues. Les querelles abſurdes de la théologie aliénoient tous les eſprits, diviſoient tous les cœurs. Le gouvernement avoit violé en même tems la loi ſacrée de la nature, qui ordonne à tous les hommes de tolérer les opinions de leurs ſemblables, & les loix de la politique qui défendent d’être tyran ſans intérêt. La religion réformée avoit fait en France les plus grands progrès, lorſqu’elle y fut persécutée. Une partie conſidérable de la nation ſe trouva enveloppée dans la proſcription ; & elle courut aux armes.

L’Eſpagne, non moins intolérante, avoit prévenu les querelles de religion, en laiſſant prendre au clergé cet empire abſolu qui alla toujours en ſe fortifiant, & qui déſormais ira toujours en s’affoibliſſant. L’inquiſition, toujours armée contre la moindre apparence de nouveauté, ſut empêcher le proteſtantiſme d’entrer dans l’état, & n’eut