poſer dans le ſoldat aſſez d’élévation pour ſacrifier ſon reſſentiment au bien de la patrie, ils auroient profité de cette chaleur pour fondre ſur l’ennemi, pendant qu’il formoit ſon camp, & qu’il commençoit à ouvrir ſes tranchées. Un aſſiégeant qui n’avoit aucun principe militaire, auroit été déconcerté par des attaques régulières & vigoureuſes. Les premiers échecs pouvoient le décourager, & lui faire abandonner ſon entrepriſe. Mais on s’obſtina à croire que la garniſon ne demandoit à faire des ſorties que pour déſerter ; & ſes propres chefs la tinrent comme priſonnière, juſqu’à ce qu’une ſi mauvaiſe défenſe eût réduit la ville à capituler. L’iſle entière ſuivit le ſort de Louiſbourg, ſon unique boulevard.
Une poſſeſſion ſi précieuſe, reſtituée à la France par le traité d’Aix-la-Chapelle, fut attaquée de nouveau par les Anglois en 1758. Ce fut le 2 de juin qu’une flotte composée de vingt-trois vaiſſeaux de ligne, de dix-huit frégates, qui portoient ſeize mille hommes de troupes aguerries, jeta l’ancre dans la baie de Gabarus, à une demi-lieue de Louiſbourg. Comme il étoit démontré