Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/304

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d’un aſſaut impoſſible à ſoutenir, qu’on parla de ſe rendre. La capitulation fut honorable ; & le vainqueur ſut eſtimer aſſez ſon ennemi, s’eſtimer aſſez lui-même, pour ne ſouiller ſa gloire par aucun trait de férocité, ni d’avarice.

XXI. Les Anglois attaquent le Canada. Ils y éprouvent d’abord de grands revers. Cauſes de ces infortunes.

La conquête de l’Iſle-Royale ouvroit le chemin du Canada. Dès l’année ſuivante, on y porta la guerre, ou plutôt on y multiplia les ſcènes de carnage dont cet immenſe pays étoit depuis long-tems le théâtre. Voici quel en étoit le principe.

Les François établis dans ces contrées y avoient pouſſé leur ambition vers le Nord, où les belles pelleteries étoient en plus grande abondance. Lorſque cette veine de richeſſe tarit ou diminua, le commerce ſe tourna vers le Sud, où l’on découvrit l’Ohio, qui mérita le nom de Belle-Rivière. Elle ouvroit la communication naturelle du Canada avec la Louyſiane. En effet, quoique les vaiſſeaux qui entrent dans le fleuve Saint-Laurent s’arrêtent à Québec, la navigation continue ſur des barques juſqu’au lac Ontario, qui n’eſt séparé du lac Érié que par un détroit ſur lequel la France éleva de bonne-heure le