Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/35

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y déployoit un luxe de fécondité, une magnificence, une majeſté qui commandoit la vénération ; mille grâces ſauvages qui ſurpaſſoient infiniment les beautés artificielles de nos climats. C’eſt-là qu’un peintre, un poëte auroit ſenti ſon imagination s’exalter, s’échauffer, & ſe remplir de ces idées qui deviennent ineffaçables dans la mémoire des hommes ! Toutes ces contrées exhaloient, reſpiroient un air de longue vie.

Cette température qui, par la poſition du climat, devoit être délicieuſe, ne perdoit rien de ſa ſalubrité par la rigueur ſingulière d’un froid long & violent. Ceux qui n’attribuent cette ſingularité qu’aux bois, aux ſources, aux montagnes dont ce pays eſt couvert, n’ont pas tout conſidéré. D’autres obſervateurs ajoutent à ces cauſes du froid, l’élévation du terrein, un ciel tout aérien, & rarement chargé de vapeurs, la direction des vents qui viennent du Nord au Midi, par des mers toujours glacées.

IV. Gouvernement, habitudes, vertus, vices, guerres des ſauvages qui habitoient le Canada

Les habitans de cet âpre climat étoient cependant peu vêtus. Un manteau de buffle ou de caſtor, ſerré par une ceinture de cuir ; une chauſſure de peau de chevreuil :