Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/380

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Les brumes de la mer, qu’ils reſpirent ; l’air épais & ſans reſſort, qui règne dans l’intérieur de leurs cabanes, fermées à toute communication avec l’air du dehors ; l’inaction continuelle de leurs longs hivers ; une vie tour-à-tour errante & sédentaire : tout provoque en eux cette maladie ſcorbutique, qui, pour comble de malignité, devient contagieuſe, ſe tranſmet par la co-habitation, & peut-être auſſi par les voies de la génération.

Malgré ces incommodités, aucun peuple n’eſt plus paſſionné pour ſa patrie, que les Eſkimaux. L’habitant du climat le plus fortuné, ne le quitte pas avec autant de regret, qu’un de ces ſauvages du Nord en reſſent, quand il s’eſt éloigné d’un pays où la nature mourante n’a que des enfans débiles & malheureux : c’eſt que ces peuples ont de la peine à reſpirer un air plus doux & plus tiède. Londres, Amſterdam, Copenhague, ces villes couvertes de brouillards & de vapeurs fétides, ſont un séjour trop délicieux pour des Eſkimaux. Peut-être auſſi les mœurs des peuples policés, ſont-elles plus contraires que leur climat à la ſanté des ſauvages ? Il