Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/442

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

en état d’alimenter les marchés étrangers, comme elle le faiſoit vingt ans auparavant. À peine ſa pêche ſuffiſoit-elle à la conſommation du royaume. Il ne reſtoit rien ou preſque rien pour les colonies dont les beſoins étoient ſi étendus.

Cet important commerce étoit paſſé tout entier à ſes rivaux, depuis que la victoire lui avoit donné le nord de l’Amérique. Ils fourniſſoient la morue au midi de l’Europe & aux Indes Occidentales ; ils la fourniſſoient même aux iſles Françoiſes, malgré l’impôt de quatre francs par quintal dont on l’avoit chargée pour la repouſſer ; malgré une gratification de trente-cinq fols par cent peſant, accordée à la pêche nationale. La Grande-Bretagne voyoit avec une douce ſatiſfaction, qu’indépendamment des conſommations faites dans ſes divers établiſſemens, cette branche d’induſtrie donnoit, chaque année, à ſes ſujets, de l’ancien & du nouvel hémiſphère, une maſſe conſidérable de métaux, une grande abondance de denrées. Cet objet d’exportation ſeroit encore devenu plus conſidérable, ſi, au tems de la conquête, la cour de Londres, n’avoit eu l’inhumanité de chaſſer des