Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/471

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& de blaſphêmes ; comme il arrive dans les diſputes de religion, où l’on croit la gloire de Dieu intéreſſée ; où l’on tremble pour ſon ſalut à venir, & pour la damnation éternelle des ſiens ; où ces conſidérations ſanctifient les forfaits, & réſignent à tous les ſacrifices.

Que faire donc ? Faut-il, à l’exemple d’un peuple innocent & ſimple, qui voyoit l’embrâſement religieux prêt à gagner ſa paiſible contrée, défendre de parler de Dieu, ſoit en bien, ſoit en mal ? Non, certes. La loi d’un ſilence qu’on ſe feroit un crime d’obſerver, ne ſeroit que de l’huile jetée ſur le feu. Faut-il laiſſer diſputer ſans s’en mêler ? Ce ſeroit le mieux ſans doute : mais ce mieux là ne ſera point ſans inconvénient, tant que les premières années de nos enfans ſeront confiées à des hommes qui leur feront ſucer avec le lait le poiſon du fanatiſme dont ils ſont enivrés. Et quand les pères deviendroient les ſeuls inſtituteurs religieux de leurs enfans, n’y auroit-il plus de déſordre à craindre ? J’en doute. Encore une fois, que faire donc ? Sans ceſſe parler de l’amour de nos ſemblables. On lit de l’iſle de Ternate que les prêtres y étaient muets. Il y avoit un temple ; au