Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/476

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les autres en auroient volontiers fait un jour de fête. La nation étoit divisée en deux partis violens. Ici, l’on préparoit la vengeance ; là, on s’occupoit à la prévenir par des délations toujours ſuivies d’exils, d’empriſonnemens & de ſupplices. La méfiance séparoit les pères des enfans, les amis des amis. Le tyran ombrageux étoit entouré de courtiſans ombrageux qui entretenoient ſes alarmes, ſoit pour s’élever aux grandes places de l’état, ſoit pour en faire tomber leurs ennemis ou leurs rivaux. La hache étoit ſuſpendue ſur toutes les têtes. La fréquence des révoltes, occaſionnoit la fréquence des exécutions ; & les exécutions fréquentes de perſonnages illuſtres & de citoyens obſcurs, perpétuoient la terreur populaire. Cromwel diſparut enfin. L’enthouſiaſme, l’hypocriſie, le fanatiſme concentrés dans ſon ſein comme dans leur foyer ; les factions, les révoltes, les proſcriptions : tous ces monſtres deſcendirent avec lui dans la tombe. Un jour plus ſerein commença à luire ſur l’Angleterre. Charles II, en recouvrant l’empire, introduiſit parmi ſes ſujets l’eſprit de ſociété, le goût de la table, de la convention, des ſpectacles,