Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/487

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mère commune ? D’augmenter le nombre des colons dans un pays nouveau qui ne demande que des habitans ? Je n’ai débauché le mari d’aucune femme ; je n’ai jamais attiré dans mes filets aucun jeune homme. Perſonne n’a ſujet de ſe plaindre de moi ; ſi ce n’eſt peut-être le miniſtre de l’évangile, & le juge de paix, qui ſont fâchés d’avoir perdu les honoraires de leurs fonctions, parce que j’ai eu des enfans ſans être mariée devant eux. Mais, eſt-ce ma faute à moi ? J’en appelle à vous, Meſſieurs. Vous convenez que je ne manque point de jugement. Ne ſeroit-ce pas une folie, une ſtupidité, ſi m’étant livrée aux devoirs les plus pénibles du mariage, je n’en avois pas recherché les honneurs ? J’ai toujours été, je ſuis encore diſposée à me marier ; & je me flatte que je ſerois digne d’un état ſi reſpectable, avec la fécondité, l’induſtrie, l’économie, & la frugalité dont la nature m’a douée : car elle m’avoit deſtinée à être une femme honnête & vertueuſe. J’eſperois le devenir ; lorſqu’étant encore vierge, je n’écoutai les premiers vœux de l’amour qu’avec le ferment du mariage. Mais la confiance indiſ-