Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/489

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la nature, de m’expoſer au déſhonneur injuſte, aux châtimens honteux. J’ai mieux aimé tout ſouffrir que d’être parjure aux vœux de la propagation, que d’étouffer mes enfans avant de les concevoir, ou après les avoir conçus. Je n’ai pu, je l’avoue, après avoir perdu ma virginité, garder le célibat dans une proſtitution ſecrète & ſtérile ; & je demande encore la peine qui m’attend, plutôt que de cacher les fruits de la fécondité que le ciel a donnée à l’homme & à la femme, comme ſa première bénédiction.

« On dira, ſans doute, qu’indépendamment des loix civiles, j’ai violé les préceptes de la religion ? Mais c’eſt à la religion de me punir, ſi j’ai péché contre elle. Eh ! n’eſt-ce pas aſſez qu’elle m’ait exclue de la communion de mes frères, qui ſeroit une conſolation pour moi ? J’ai, dites-vous, offensé le ciel, & je dois m’attendre à des feux éternels. Si vous le croyez, pourquoi m’accabler de châtimens en ce monde ? Non, Meſſieurs, le ciel n’eſt pas impitoyable, injuſte comme vous. Si je croyois que ce que vous ap-