qui répandent en même tems l’alarme dans l’intérieur des terres voiſines. Hors les momens d’une brume épaiſſe, dont quelques vaiſſeaux pourroient profiter pour ſe gliſſer dans les iſles, la ville a toujours cinq ou ſix heures pour ſe préparer à recevoir l’ennemi, en attendant dix mille hommes de milice, qu’elle peut raſſembler en vingt-quatre heures. Quand même une flotte paſſeroit impunément ſous l’artillerie du château, elle trouveroit au nord & au ſud de la place, deux batteries qui, commandant toute la baie, l’arrêteroient à coup sûr, & donneroient le tems à tous les bâtimens, de ſe mettre à couvert du canon dans la rivière de Charles.
La rade de Boſton eſt aſſez vaſte, pour que ſix cens voiles y puiſſent mouiller sûrement & commodément. On y a conſtruit un magnifique mole aſſez avancé, pour que les navires, ſans le ſecours du moindre allège, déchargent dans les magaſins qu’on a bâtis au nord. À l’extrémité du mole, eſt la ville, bâtie ſur un terrein inégal & en forme de croiſſant autour du port. Elle comptait, avant les troubles, trente-cinq ou quarante mille habitans de diverſes ſectes. Le logement, les