Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/523

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leurs mœurs fit l’eſprit général des peuples, que la conquête leur aſſocia. Les Allemands, pouſſés en Amérique par la persécution religieuſe qui les chaſſoit du Palatinat ou des autres provinces de l’empire, ſe trouvèrent diſposés par la nature à ce ton modeſte ; & les Anglois, les François, que l’habitude n’avoit pas accoutumés à tant de frugalité, ſe conformèrent par ſageſſe ou par émulation, à cette manière de vivre, moins coûteuſe & plus aisée que les modes & les airs du faſte. Il arriva de-là que les colons ne contractèrent pas des dettes envers la métropole ; qu’ils conſervèrent une liberté entière dans leurs ventes & dans leurs achats ; & qu’ils donnèrent toujours à leurs affaires la direction qui leur étoit la plus avantageuſe.

Tel fut, juſqu’en 1763, l’état de la colonie. À cette époque, New-York devint le séjour du général, des principaux officiers & d’une partie des troupes que la Grande-Bretagne crut devoir entretenir dans l’Amérique Septentrionale, pour la contenir ou pour la défendre. Cette multitude de célibataires désœuvrés, ſans ceſſe occupés à tromper leur oiſiveté & à lutter contre l’ennui, ſe répan-