Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/65

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les ſyllabes, à s’apercevoir que les unes ſont plus ſourdes, les autres plus aiguës, ont plus ou moins de durée, qu’après une allez longue expérience. Ne faudroit-il pas, du moins, autant de tems pour prononcer ſur la mélodie d’un peuple, qui doit être toujours ſubordonnée à ſa langue ?

Leurs danſes ſont preſque toujours une image de la guerre ; & communément exécutées les armes à la main. Elles ſont ſi vraies, ſi rapides, ſi terribles, qu’un Européen qui les voit pour la première fois, ne peut s’empêcher de frémir. Il croit qu’en un inſtant la terre va être couverte de ſang & de membres épars, & que de tous les danſeurs, de tous les ſpectateurs, il ne réitéra pas un ſeul homme. N’eſt-il pas ſingulier que dans les premiers âges du monde & chez les ſauvages, la danſe ſoit un art d’imitation ; & qu’elle ait perdu ce caractère dans les pays policés, où elle ſemble réduite à un certain nombre de pas exécutés ſans action, ſans ſujet, ſans conduite ? Mais il en eſt des danſes comme des langues : elles deviennent abſtraites, ainſi que les idées dont elles ſont composées. Les ſignes